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Eubérian – scénarios 4 et 5

JDR : Eubérian

Scénario n°4 (09/12/2023) Wilhelmus raconte…

La quête du Réveil du Loup

Avec nos compagnons nous installâmes la caravane sur la place principale de Toulogne et prîmes un repos bien mérité dans ce paisible village.

Lors de notre premier passage nous avions attiré la curiosité des habitants, mais là, avec la caravane au grand complet, nous représentâmes l’attraction du siècle ! Avec le recul je pense que nous aurions pu faire payer la visite de la galerie des monstres… mais je ne suis pas certain que les Elfes auraient accepté d’être exposés pendant que le reste du groupe aurait encaissé les pièces d’argent.

Je profitai de ce temps calme pour finir les quelques réparations de Barak chez le forgeron.

Pendant que j’œuvrais sur Barak, le forgeron eut des sentiments partagés en se retrouvant face au Golem. Il fut tantôt effrayé par la créature de métal, tantôt admiratif devant cette œuvre d’art métallique.

Nous prîmes congé de nos hôtes et nous nous mîmes en route en direction d’Inti Nina.

Nous suivîmes un sentier qui nous emmena au pied des vastes plateaux marquant la fin des terres fertiles.

Nous continuâmes le sentier et entreprîmes l’ascension du plateau.

Le sentier était visiblement passant, le terrain alentour était dégagé, rocheux, les arbres petits et rares. L’ascension fut lente et épuisante de part la déclivité du terrain mais également en raison de la météo de ce début d’hiver. Une fine neige éparse tombait, en quantité suffisante pour rendre nos vêtements humides et inconfortables, mais pas pour tenir au sol.

Il y avait peu de chance de croiser âme qui vive sur ce sentier : en cette saison, les commerçants s’aventuraient peu sur ces axes quand la météo n’était point des plus clémentes tant les risques pouvaient être grands.

Nous vîmes au loin des charognards en vol circulaire. Ces oiseaux de mauvaise augure n’auraient pas attiré notre attention en temps normal, mais là, la situation était différente ; les oiseaux se tinrent sur le sentier, dévorant un cadavre. Nous décidâmes d’envoyer des éclaireurs afin d’écarter tout risque dans l’avancée de la caravane.

Il est à noter que notre caravane, formée de chariot de fret et de roulottes, tenait plus de la caravane marchande que du convoi militaire et par conséquent n’était pas équipée pour subir une attaque de bandits.

Les éclaireurs volontaires furent Abigaël, Brannera la Naine des Terres Barbare, Torun la Demi-Elfe de la C.A.F, Stéa l’Elfe de Kurazis, Polo l’Halfelin de la C.A.F et moi-même Wilhelmus Gnome d’Unopsis.

Raoh, l’Humain des Terres Barbares, resta à la caravane en tant que sentinelle, et confia l’orbe à Torun afin d’éloigner le reste de la caravane des effets magiques de cet objet obscur, intrigant et fascinant, véritable fardeau pour notre communauté.

Nous nous rendîmes sur place. Les charognards effrayés partirent non sans siffler leur mécontentement. Nous découvrîmes la dépouille déchiquetée d’un Ophidien et d’un Humain ainsi que les débris d’un chariot. Une fouille de la scène permit de trouver une modique somme d’argent ainsi qu’un lambeau de carte indiquant cette route commerciale. Néanmoins, devant le peu de richesses et l’absence d’objet précieux, je ne pensai pas être face aux cadavres de marchands. J’optai plutôt pour la présence d’un maître et son esclave. Une analyse poussée de la scène fit ressortir des empreintes d’une taille impressionnante devant appartenir à une créature d’environ douze pieds de haut, possiblement un Géant ou un Troll. Ces empreintes côtoyaient celles de chevaux, à la différence que ces dernières s’arrêtaient net : les chevaux s’étaient « volatilisés ». Il n’était toutefois pas difficile d’imaginer leur triste sort. Au vu de la présence de cette créature dans les parages, il nous parut de bon sens de laisser la caravane en retrait et nous décidâmes, malgré les résistances de Stéa (un peu pétochards ces Elfes !), d’inspecter le sentier plus en amont.

Sur notre route nous croisâmes le cadavre d’un trappeur. Nous fîmes main basse sur son piège à loup ainsi que sur ses peaux de bête ; là où il était à présent, il n’en avait plus besoin.

Nous suivîmes ce sentier jusqu’au plateau. En raison de l’imminence de la fin de journée et de l’épuisement de certains camarades, il nous parut de rigueur de monter notre camp.

La présence de bois me permit de dresser une palissade afin de nous protéger du vent froid. Nos camarades épuisés s’endormirent rapidement malgré le sifflement du vent et l’humidité de la neige. Les peaux du trappeur avaient déjà trouvé une utilité !

Je pris le premier tour de garde, sous l’œil vide mais bienveillant, de Barak et accompagné de Brannera.

Un grand bruit lointain se fit entendre, probablement un éboulement, chose fréquente sur ces plateaux en cette saison.

Le deuxième tour de garde fut assuré par Polo et Torun et le dernier, par Abigaël et Stéa.

Ce fut lors de ce dernier tour de garde que Stéa nous réveilla en panique : Abigaël avait disparu !

Je pris mes affaires et courus dans sa direction suivie par mon fidèle Golem. J’entendis également le reste de la troupe m’emboîter le pas.

Dans cette course effrénée sur ce terrain accidenté et en pente, je manquai de m’aplatir au sol. Je pus heureusement prendre appui sur mon bâton pour passer l’obstacle !

Je me retrouvai aux côtés d’Abigaël, qui visiblement n’avait nullement disparu… mais alors que faisait-elle ici ?

Elle m’expliqua que des loups passaient au loin et que l’un d’eux était blessé et effrayé. Effectivement, nous vîmes plus en aval une meute de loups s’éloigner.

Abigaël avait été attirée par les hurlements d’un loup resté en arrière de la meute. Ces hurlements ne semblaient pas être en mouvement.

Je suivis Abigaël, qui était bien décidée à aller secourir l’animal qu’elle pensait être blessé.

Nous nous trouvâmes face à un jeune loup pris dans un piège, la patte clairement cassée.

Le loup n’était pas enclin à nous laisser lui venir en aide aisément. Je fus époustouflé de voir comment Abigaël réussit à s’approcher du loup et à le calmer !

Ne pouvant l’approcher à mon tour, je guidai Abigaël à distance pour désamorcer le piège et libérer l’animal blessé.

Une fois le loup libéré, il s’éloigna de quelques pieds et s’effondra, terrassé par la douleur : il s’était évanoui.

Devant la tristesse d’Abigaël face à cette pauvre bête blessée et actuellement sans défense, je décidai de l’aider en lui faisant avaler un fortifiant.

Le loup resta étonnement inconscient, la blessure devait être d’une gravité supérieure à celle que j’avais envisagée !

Avec le bois alentour, je pus faire un brancard de fortune afin de ramener le jeune loup au campement.

Nous nous mîmes en marche lorsque de grands bruits de bois fracassé se firent entendre. Nous vîmes alors une énorme silhouette écarter et briser les arbres au loin. Stéa, qui pouvait voir dans le noir, confirma la présence d’une créature géante avec deux têtes. Nous nous trouvâmes face à un Ettin : créature plutôt rare, ayant la particularité d’avoir deux têtes, mais, hélas ! bien trop peu documentée dans les ouvrages de la Grande Bibliothèque d’Unopsis !

Par chance, par grande chance même – puisque Brannera se mit à hurler à la lune pour attirer l’attention de la créature qu’elle voulait occire – l’Ettin ne nous repéra point et continua à suivre la meute de loups.

À cet instant, je me demandais encore comment les nains pouvaient faire partie de l’élite d’Unopsis… ils n’avaient vraiment pas la torche allumée à tous les étages !

Nous étions sauvés mais un triste sort attendait notre caravane. En effet, l’aberration à deux têtes, armée d’un gourdin dans chaque main, se dirigeait dans sa direction. Sans changement de cap, nos compagnons devraient faire face d’ici le début d’après midi à une meute de loups et la bestiole aux deux têtes.

Nous retournâmes au campement finir de nous reposer en attendant le lever du jour.

Au réveil, je vis pour la première fois une vue magnifique ! Les moments enchanteurs étaient rares depuis mon départ d’Unopsis. Ces monts enneigés me firent presque oublier l’urgence du moment.

Le jeune loup se réveilla également. Il se déplaçait en boitant, mais sa patte n’était plus cassée.

Je n’aurais pas été jusqu’à dire qu’il était maintenant apprivoisé, mais il semblait accepter la présence d’Abigaël et avoir compris qu’il était plus sécuritaire de rester avec nous que de partir seul par-delà les plateaux.

Mais revenons à notre caravane et au malheur qui fondait droit sur elle.

Nous trouvâmes deux options : soit nous allions renforcer la défense de la caravane, mais nos chances de survie étaient restreintes, soit nous arrivions à trouver un terrain propice pour attirer la créature dans un piège et la prendre par surprise. Ce second choix nous donnerait un avantage non négligeable. Sans grande hésitation nous retînmes la seconde solution.

Nous confiâmes à Abigaël l’analyse des environs. Elle repéra un couloir proche pouvant faire office d’entonnoir naturel pour piéger l’Ettin. L’endroit désigné par Abigaël pour le guet-apens, représentait indéniablement la seule solution pouvant nous offrir une chance de survie. Cette Aasimar commençait à faire preuve d’intelligence. L’aurais-je jugé trop hâtivement ?

Je cherchai une solution afin d’attirer l’attention de l’Ettin et ordonnai à Barak de créer un éboulement. Mon Golem fut aidé par Brannera.

Le bruit ne manqua pas d’attirer l’attention de « Double-Tête » qui fit demi-tour et se mit à marcher lentement dans notre direction.

Nous partîmes nous mettre en place autour de l’entonnoir.

Polo se plaça sur les hauteurs à gauche (près de la rivière où boivent les moutons), Abigaël et moi nous plaçâmes sur les hauteurs opposées. Brannera se plaça en bas, dans le défilé, afin de faire front à Double-Tête. Torun quant à elle, se dissimula à l’entrée du couloir pour parfaire la tenaille.

En cas de réussite, la technique de la tenaille deviendrait sans nul doute célèbre ; elle ferait le tour de toutes les contrées en traversant le temps et les âges !

Restait le rôle de notre Elfe peureuse, Stéa, qui, aussi incroyable qu’il n’y paraisse, se porta volontaire pour appâter Double-Tête. Malgré le danger que représentait cette situation, je rigolai bien en voyant Stéa, vraiment peu rassurée, humilier toute la race Elfique en se trémoussant dans une danse profondément ridicule !

Double-Tête vit Stéa danser et la trouva à son goût pour son quatre-heures. Stéa essaya de fuir en direction de Brannera afin de sauver sa peau quand Double-Tête tenta de l’écraser de sa main, tel un moustique contre un mur. Stéa fut soufflée d’un bon pied et demi dans la neige.

À notre grande surprise, Stéa gisait, intégralement nue, dans la neige, les vêtements arrachés. L’aberration voulut à nouveau attraper Stéa, qui chercha tant bien que mal à rejoindre Brannera.

Au vu de la position de Double-Tête, qui se tenait baissé avec un genou et les mains au sol, il nous fallut entamer le combat ici, même s’il n’était pas intégralement dans l’entonnoir.

Polo banda son arbalète et tenta de décharger sur l’aberration à deux têtes. Mais la situation était tellement perturbante que Polo loupa la cible et, au lieu de décocher le carreau sur Double-Tête, celui-là se figea dans la cuisse de Stéa qui se mit immédiatement à couiner. Avec une telle blessure à la cuisse, elle ne put que se mettre à l’abri durant le combat.

Ne voulant pas laisser l’occasion à Double-Tête de se relever, je décidai d’enchaîner derrière le tir manqué de Polo et jetai immédiatement une fiole de feu grégeois sur la nuque de l’Ettin.

Ce dernier, sous l’effet des brûlures, se redressa et se mit à gesticuler dans tous les sens. Cette action permit à Torun de refermer la tenaille et de lui planter une première dague dans le corps. S’en suivit une première flèche. Nous profitâmes de la vulnérabilité de la créature en feu pour enchaîner les assauts. La carapace de notre adversaire fut difficile à percer, mais notre persévérance devait en venir à bout. Abigaël eut l’idée d’envoyer des flèches enflammées sur Double-Tête. Pour ce faire, je lui fournis ma dernière fiole de feu grégeois.

J’aime les femmes avec de l’initiative !

Pendant qu’Abigaël, Polo, Brannera et Torun s’amusèrent à transformer la créature en tamiseur d’or, je m’activai de mon côté pour créer un éboulement suffisant pour ensevelir Double-Tête.

Ce dernier se frotta violemment contre une paroi, ce qui eut deux effets : le premier, d’éteindre le feu qui le consumait et le second, de créer un éboulement qui faillit ensevelir Brannera. Cette dernière put éviter l’éboulement en entreprenant d’escalader l’autre flanc du défilé. Le feu éteint, la créature prit conscience, toujours sous la pluie de flèches enflammées, que le danger venait d’en haut et se mit à escalader le flanc droit.

Double-Tête se retrouva face à moi, le visage planté de partout comme s’il sortait de chez l’acupuncteur.

Une nouvelle salve de mes compagnons d’infortune me permit de gagner suffisamment de temps pour mettre le coup final à mon œuvre et ainsi déclencher un éboulement colossal qui entraîna Double-Tête dans une chute mortelle. Malheureusement, l’éboulement ensevelit également Torun.

Stéa récupéra quelques haillons pour masquer sa nudité et se mit à dégager les pierres situées au-dessus de Torun.

Elle fut sortie inconsciente des décombres. Par chance, il me restait un fortifiant que je lui administrai immédiatement.

Comme tout macchabée fraîchement occis, Double-Tête nous gratifia d’une dernière flatulence qui aurait pu faire tomber les tapisseries des murs. Ceci marqua de façon inhabituelle, mais incontestable, notre victoire et surtout notre départ immédiat de ces lieux !

Nous reprîmes le chemin de notre caravane afin de rendre compte à nos camarades et de leur confirmer la reprise du voyage sur un terrain dégagé de tout danger potentiel.

Point de vue de Stea :

Je sais que les soirées sont longues et qu’on s’ennuie à mourir, mais cela fait déjà des heures que vous écoutez ce gnome vous raconter ses récits. Si vous voulez un résumé éclairé, venez près de moi quelques instants.

Alors comme vous vous souvenez, après notre départ de Toulogne où les villageois étaient un peu… collants, nous nous sommes mis en route pour gravir les montagnes qui nous séparent des hauts-plateaux d’Inti Nina. Quand nous avons vu des rapaces charognards tourner au-dessus d’une zone, un petit groupe a été envoyé. Et évidemment, je me suis retrouvée dedans, avec Wilhelmus le gnome obsédé, Brannera la naine barbare, Abigaël la jolie fille des bois, Torun la demi-elfe et Polo le halfelin… Bon, j’étais plutôt bien entouré, alors je ne m’inquiétais pas trop. Mais je ne suis pas une elfe des montagnes, moi ! Enfin bref…

On a donc trouvé des cadavres dévorés par les oiseaux, et les traces nous ont fait penser à un géant qui les aurait attaqués, ou du moins une créature énorme. Evidemment, ils ont voulu en avoir le cœur net, plutôt que de prudemment l’éviter, et Abigaël nous a entrainé des heures dans les montagnes (je la soupçonne de nous avoir encore perdus…). Au soir, on n’y voyait plus rien, avec le temps qu’il faisait (une pluie glacée, sûrement de la neige fondue) et on a décidé de faire un camp. De toute façon, j’étais presque morte, à crapahuter comme ça dans des sentiers de montagne !

J’étais de dernier quart de garde avec Abigaël quand on a entendu des cris de loups. Et – quelle surprise ! – évidemment elle a voulu aller voir ! J’ai eu beau la mettre en garde et essayer de la retenir, elle abandonnait le camp sans protection pour se jeter littéralement dans la gueule des loups ! J’étais obligée de vite réveiller mes autres compagnons, mais avant que j’aie pu leur expliquer qu’il fallait l’attraper et la ramener ici rapidement, et partir dans l’autre direction, ils se précipitaient à sa suite et la suivaient jusqu’à son but ! Je n’allais pas rester seule… enfin les abandonner, vous voyez, je ne suis pas comme cela, moi. Donc je suis partie avec eux, mais évidemment, quand on descend une montagne escarpée dans le noir complet, il est difficile de ne pas marcher sur un écueil et dévaler la pente plus vite qu’on ne l’aurait voulu. Mes vêtements déjà bien abîmés, j’ai retrouvé le groupe vers un loup attrapé dans un piège, et bien énervé ! Abigaël devait croire que les loups sont comme les chiens, et à son habitude, elle n’a pas voulu écouter mes mises en garde et l’a détaché pour s’en faire un compagnon… On rigolera moins quand il bouffera la main de quelqu’un de la Caravane ou qu’il attirera sur nous toute une meute !

Le géant s’est alors fait entendre, et j’ai pu voir qu’il avait deux têtes. Un Ettin ! Je n’en avais que vaguement entendu parlé. On a réussi à se cacher et retourner se reposer à notre camp. Au petit matin, toutefois, comme l’Ettin se rapprochait de la Caravane, on a monté un plan pour le coincer. Dans un moment de folie, ne sachant pas trop comment aider autrement avec mes faibles capacités, j’ai proposé de faire l’appât. Je sais, c’est une idée idiote… Enfin il a fonctionné : mes camarades ont fait du bruit avec un éboulement, puis j’ai enchaîné en frappant une lame contre ma gamelle et en criant, l’Ettin s’est engouffré dans un espace étroit entre deux falaises… et a tenté de m’attraper ! Je pensais l’éviter, mais j’ai eu de la chance dans mon échec : le souffle m’a projetée à plusieurs mètres de là. Evidemment, entre le coup de l’Ettin et les roches au sol, mes vêtements ont été bien déchirés. N’écoutez pas Wilhelmus quand il dit que j’étais nue ! Mes vêtements étaient en lambeaux, c’est tout… Enfin bon, ensuite j’ai senti un carreau d’arbalète me rentrer dans la cuisse, et afin de l’extraire, de me soigner, et surtout de ne pas reprendre une flèche perdue, je me suis mise à l’écart pour le reste du combat. Ils ont fini par abattre le monstre, et quand j’ai vu que Torun avait été ensevelie sous les gravas de la falaise qu’avait esquinté l’Ettin, je suis vite allée la sortir de là. Elle était assommée mais on l’a vite remise d’aplomb. Ah, ma blessure ? Oh, elle était superficielle, c’était pratiquement des égratignures au final, mais c’est gentil de vous inquiéter. Bon, j’espère pouvoir rester à l’abri et au chaud dans la Caravane, la prochaine fois.

Scénario n°5 (23/12/2023) Wilhelmus raconte…

La quête du Solstice d’Hiver

Nous continuâmes le chemin en nous laissant guider par la carte trouvée sur le cadavre de l’ophidien rencontré précédemment. Face à l’épuisement provoqué par la pesante présence de l’orbe, une délégation fut envoyée en avant afin que la caravane ne sombre pas dans la folie.

Se portèrent volontaires : François Fils de Guillaume, Jack, Stéa et moi-même. François fut désigné pour porter l’orbe ; j’espérais bien un jour être désigné comme porteur afin de pouvoir étudier cette sphère mystérieuse.

Nous partîmes donc en avant, jusqu’à ce qu’un brouillard, avec un je-ne-sais-quoi d’étrange, se misse à nous envelopper. Au loin, des silhouettes semblaient se dessiner. Nous nous rendîmes à leur rencontre et y trouvâmes deux voyageurs avec un âne.

L’un d’eux, habillé d’une mitre, tenait une grande crosse ; l’autre, vêtu d’une tenue de cuir visiblement trop petite pour être confortable, avait une expression perverse sur son visage et tenait un grand fouet.

La discussion qui s’ensuivit fut des plus étranges… Leur langage était étrange, la plupart des mots étaient puisés dans le langage commun mais certains mots et expressions nous étaient inconnus, peut-être un dialecte issu d’une évolution linguistique dans les montagnes reculées. L’homme en cuir, dénommé le Daron Fouettard, sonda notre esprit de son regard perçant. Sa puissance était telle que nous ne pûmes rien faire pour lutter. J’essayai de lui mettre un coup de bâton magique, mais il me désarma sans aucune difficulté avec son fouet, tout un gardant son sourire pervers et un calme incroyable ! Devant l’aura qu’il dégageait, je n’osai insister. Les sorts lancés se retournèrent contre nous, Jack se fit même fouetter. Je fus surpris de voir François se mettre en boule par terre ; une telle lâcheté ne provenant pas d’une Elfe était plutôt inattendue. L’espèce d’inquisiteur, nommé Nico, seul à s’exprimer verbalement, nous donna un fruit étrange et un morceau de gâteau qu’il appela pain d’épice. Il nous parla d’un village nommé Bugey, dont les habitants, d’après lui, enfermaient des enfants dans un genre de coffre qu’il appelait congélo. Nous en déduisîmes que ce village faisait partie d’Inti Nina. Puis ils reprirent leur chemin et leurs silhouettes disparurent dans la brume, mais de façon trop brusque pour être naturelle. Nico nous lança : « De l’imposteur, méfiez-vous ». Le brouillard disparut à son tour, de façon toute aussi étrange.

Nous continuâmes à suivre le chemin et arrivâmes dans un village, sûrement le fameux Bugey, mais celui-ci était vide de tout habitant. Nous vîmes Stéa partir, sans doute tenter de frapper à des portes, pendant que nous nous retrouvâmes sur la place du village.

Une éclipse aussi étrange qu’inattendue se produisit et nous plongea intégralement dans le noir. Une voix de Golem résonna en tout sens, comme si plusieurs Golems disposés un peu partout dans le village parlaient à l’unisson, dans un dialecte semblant être le même que celui de Nico. Nous devinâmes plus que nous ne comprîmes, que la voix nous annonçait l’arrivée de Melchior, Gaspard et Balthazar.

Puis des flammèches éclairèrent des petites zones sur le sol. Nous y vîmes trois troubadours se donner en spectacle. Nous tentâmes de les apostropher, mais ils nous ignorèrent tout bonnement. Je décidai d’entrer dans leur jeu et d’user de mes talents pyrotechniques : je projetai donc une fiole de feu grégeois sur la maison la plus proche afin d’éclairer la place et elle s’embrasa. Par une drôle de magie, le feu disparut subitement sans qu’aucune trace de mon feu grégeois ne soit visible sur la maison.

Nous fûmes très surpris de voir des membres de la caravane passer à côté de nous et aller danser sur les chansons interprétées par les troubadours Melchior, Gaspard et Balthazar.

Nous finîmes par nous laisser prendre par cette musique envoûtante et rejoignîmes nos compagnons pour danser. Lors de leur dernière mélopée, Polo eut la larme à l’œil et mit son épée face à lui en salut.

Suite à quoi les trois ménestrels nous emmenèrent dans un endroit d’où jaillit une grande lumière et l’on nous remit un tout petit document montrant chacun notre portait, comme si nous nous regardions dans un miroir. Derrière ces documents, une inscription des plus étranges était présente : « le sort qui de l’honneur nous ouvre la barrière, offre à notre constance une illustre matière, il épuise sa force à former un malheur pour mieux se mesurer avec notre valeur et comme il voit en nous des âmes peu communes hors de l’ordre commun, il nous fait des fortunes ». Nous laissant avec nos étranges documents dans les mains, les troubadours disparurent et l’éclipse se dissipa de façon aussi étrange que le brouillard.

Le jour revenu, nous observâmes le village et vîmes, derrière les palissades en marge du village, une immense cheminée en activité, complètement hors norme. Nous décidâmes de nous rendre à ce bâtiment d’une architecture encore jamais observée, un peu comme si plusieurs maisons avec un demi-toit s’étaient assemblées les unes avec les autres. Nous vîmes également des gardes postés devant l’entrée de ce bâtiment peu commun.

Arrivée à ses portes, nous fûmes accueillis par deux créatures étranges, un genre de gnome ou bien de nain sans barbe, habillé d’une drôle de façon avec un chapeau en pointe tenant une arme d’une technologie bien supérieure à celle de nos compagnons arquebusiers. Le meilleur terme étymologique pour nommer cette créature serait « p’shóg », ce qui pourrait être traduit en langage commun par Lutin. Nous arrivâmes à instaurer le dialogue par l’intérêt que François et moi-même portions à la technologie qu’ils tenaient dans leurs mains. Ils utilisaient le même dialecte que Nico et le Daron Fouettard. D’ailleurs le fait de parler d’eux les mit fortement en rogne. Ils n’eurent de cesse de nous parler de « drogue », et pensaient que nous avions avalé de cette mixture en grande quantité. Ils décidèrent de nous escorter auprès de leur patron. Nous entrâmes alors dans ce bâtiment, une énorme et unique pièce, comme dans les halles de la guilde marchande du port d’Unopsis, et tout comme dans ces grandes halles, se dressait dans le fond, un escalier qui menait à un bureau. Nous fûmes surpris de voir tous les habitants de Bugey réunis dans cette grande salle autour de tables et de machines. Ils étaient tous affairés à emballer dans de jolis paquets les différentes choses acheminées par des tables mécaniques. Ils semblaient ne pas être là de leur plein gré ; les p’shóg avaient réduit tous les locaux au rang d’esclave.

Notre escorte nous fit monter les escaliers et une fois à l’intérieur du bureau, nous nous trouvâmes face à un grand homme bedonnant avec une barbe tout de vert vêtu buvant un élixir qui m’était inconnu tant par son aspect que par la mention sur son étiquette verte « Coca-Cola ». Ce vieux bonhomme nous demanda la recette de notre drogue, mais devant notre incompréhension face à son dialecte, notre interrogatoire tourna court et il nous fit arrêter et jeter aux cachots.

Les deux gardes qui nous escortèrent continuèrent de nous parler sans cesse de ces drogues. À force de questionnement, nous comprîmes que « drogue » signifiait « élixir », que ces élixirs étaient cachés à l’intérieur de jouets et que les enfants se trouvaient obligés, par la potion, d’en redemander encore et encore, l’objectif étant de rendre les enfants insupportables auprès de leurs parents.

Je me mis donc à leur expliquer, appuyé de Stéa, que les plantes pour soigner et créer nos élixirs se trouvaient dans la nature et que nous n’avions nul besoin de cultiver quoi que ce soit pour arriver à les produire. Je leur proposai d’ailleurs une démonstration sur le champ ! Depuis l’entrée de la geôle et sous la vigilance des deux p’shóg, je produisis un feu grégeois (je n’allais sûrement pas leur fournir un fortifiant !). Le p’shóg voulut que je boive d’abord l’élixir. J’usai donc de ruse pour intervertir les élixirs et avalai d’un trait un fortifiant. Je proposai de nouveau une fiole de feu grégeois au p’shóg. Celui-ci la but et mourut sur le coup. Stéa, Jack, François et Barak immobilisèrent le second p’shóg et je lui administrai immédiatement la seconde fiole de feu grégeois. Tel le hamster, il ne fut pas tout à fait mort : je dus l’achever d’un grand coup de bâton que j’enfonçai dans sa bouche jusqu’à l’estomac. Une voix de Golem se fit entendre depuis un mécanisme à sa ceinture. Visiblement, quelqu’un se demandait pourquoi ils n’étaient pas déjà remontés. Nous tentâmes une réponse mais ne maîtrisant pas leur dialecte nous ne fûmes pas en capacité d’apporter une réponse adaptée. Nous comprîmes vite que notre temps était compté avant de voir d’autres p’shógs débarquer.

Jack et moi eûmes juste le temps de récupérer et d’enfiler les uniformes des deux p’shógs avant de voir apparaître en bas des escaliers cinq nouveaux gardiens. Stéa réussit à faire apparaître une illusion, mi-ours mi-loup. L’illusion et le Golem les tinrent en déroute le temps que nous puissions diminuer leur nombre. Jack fit d’ailleurs usage d’un sort incroyable qui fit saigner l’un des p’shógs de façon hémorragique ! Stéa endormit les gardes restant et nous les égorgeâmes proprement sans qu’ils ne puissent nous blesser.

Devant ce vacarme, des pas, lourds cette fois-ci, se firent entendre dans l’escalier. Il y avait fort à parier que ces pas venaient des bottes du vieux.

Nous décidâmes de prendre les devants et de lui préparer un accueil digne de son rang. François mit en place une charge explosive au plafond et Stéa créa une illusion montrant les gardes en train de glander. Quant à moi, je calculai le moment exact pour allumer la mèche de la charge et François l’enflamma lorsque je lui fis signe.

Une fois le vieux barbu en bas des escaliers, celui-ci n’eut pas le temps de se rendre compte de la supercherie que la charge explosa et le blessa gravement. De plus, le plafond s’effondra sur lui et l’ensevelit partiellement. La force de l’explosion ainsi que les gravats sonnèrent le vieux et nous permirent de lui en mettre pour son compte sans prise de risque inutile pendant que Stéa restait planquée dans un coin.

Nous sortîmes par le trou béant du plafond et vîmes la grande salle se vider. Les esclaves s’étaient révoltés et tous sortirent en panique. Nous vîmes également arriver sur les lieux des compagnons de la caravane.

Une fois dehors, nous vîmes s’enfuir lâchement par la voie des airs les trois derniers p’shógs sur un traîneau magique tiré par des rennes.

Et à l’instar du brouillard et de l’éclipse, le bâtiment disparut sans laisser aucune trace de son passage dans le décor. Seul le bruit d’un pleur de bébé se fit entendre et s’éloigna.

La sensation était des plus étranges. Nous eûmes l’impression d’avoir rêvé, que l’orbe nous avait joué un mauvais tour, et pourtant nous avions toujours en notre possession quelques objets témoins de cette drôle d’aventure.

Les habitants de ce Bugey enfin libre, ne souhaitant pas que cette aventure finisse dans l’oubli, décidèrent de célébrer cette nuit, chaque année, lors du solstice d’hiver.

Quel fut le rôle de l’orbe dans cette aventure et quelle en fut la part réelle, nous l’ignorions totalement et ne le saurions sûrement jamais…

Intrusion de Stéa :

Et si nous aussi, on fêtait ça chaque année ? On pourrait manger des gâteaux au miel et des fruits oranges, par exemple… Enfin si on en trouve… Et mettre des élixirs dans du papier et se les échanger, ou d’autres choses, comme des gâteaux dans du papier ?

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